Poétique , du grec poiesis = fabrication ,c'est un savoir-faire qui s’applique à la littérature
Aristote énonce les règles qu’il juge essentielles
pour composer un certain nombre d’œuvres d’art. Ce sont des règles destinées à
faire réfléchir sur les caractères fondamentaux de l’œuvre d’art, ses effets,
sa composition, sa viabilité.
Raisonnant en naturaliste, il opère une
classification et s’intéresse aux situations dramatiques, aux caractères et à
leur reconnaissance.
Il considère que l’homme a une disposition naturelle
pour le rythme, la mélodie et l’imitation
.... valeurs s’imposent vite comme fondamentales :
la mimésis et la catharsis.
La mimésis ou l’imitation.
Selon Aristote, l’œuvre d’art repose sur l’imitation
de caractères et de situations que l’homme va représenter pour se purifier.
Il y a identification :
le héros subit à notre place.
Mais attention, la mimésis n’est pas une simple
imitation. Il y a transposition de la
réalité.
NB : Platon a moins confiance
qu’Aristote en la mimésis. Comme Rousseau, il considère que le réel est
supérieur à l’imitation. Il condamne donc le théâtre et chasse « les
poètes de la Cité ».
La catharsis ou la purification.
Grâce à la représentation scénique, le spectateur se
libère notamment de la souffrance et de la douleur. L’action va faire éprouver
au spectateur 2 types de sentiments : la crainte ou la pitié.
C’est là le mobile de l’œuvre d’art selon Aristote.
D’où
sa définition de la tragédie : « imitation,
réalisée par des personnages en action et non au moyen d’une narration, [qui]
en suscitant la pitié et la crainte, opère la purgation (catharsis) propre à de telles émotions. »
La tragédie.
La
tragédie doit être concentrée autour :
-
d’une histoire simple
ou
-
d’une histoire complexe : câd agrémentée
de péripéties « revirements de
l’action en sens contraire » et d’une reconnaissance
« passage de l’ignorance à la connaissance, qui amène à l’amour et à la
haine de ceux qui sont voués au bonheur ou au malheur ».
Cette
histoire doit être signifiée par un événement pathétique (câd qui suscite le
pathos = émotion forte).
Þ règle des trois unités.
NB :
A l’inverse, dans une épopée, il y a un agencement de plusieurs histoires.
Aristote
réfléchit sur la composition de la
tragédie :
-
prologue
-
épisode
-
exode
-
chants du cœur -
parodos
- stasimon
- kommoi (facultatif)
Concernant
les caractères, il incite à viser 4
objectifs :
-
la bonté « le caractère sera bon si la
détermination est bonne »
-
la convenance : il faut éviter
l’excessif
-
la ressemblance : propice à
l’identification
-
la cohérence
Le
dénouement doit venir de l’histoire
elle-même. Aristote condamne le deus ex
machina, l’intervention miraculeuse extérieure ou divine.
Il
note 4 sortes de tragédies :
-
la tragédie complexe
-
la tragédie pathétique
-
la tragédie de caractère
-
la tragédie de spectacle
La pensée et l’expression verbale dans la
tragédie.
Indique
les éléments minimaux du langage qui doivent concourir à la composition.
L’expression
dramatique sert à démontrer, réfuter, amplifier, réduire et produire des
émotions.
Aristote
se penche alors sur le problème rhétorique de la métaphore = glissement, transport.
C’est une marque particulière de l’œuvre d’art.
Il
définit cette figure comme l’application à une chose d’un nom qui lui est
étranger.
Selon
lui, elle traduit l’individuel, la particularité de l’individu.
L’expression
ne doit pas seulement être claire car le clair est banal. Elle doit être noble
et étrange (par rapport à ce qui est commun). L’idéal réside dans le mélange
des noms courants et des vocables étranges (moins usuels).
L’épopée.
Son
art doit également résider dans l’imitation, raconter une histoire et partir
d’un mouvement dramatique.
Pas
nécessairement linéaire (pas de représentation devant un spectateur donc pas
d’unités de temps, de lieu et d’action), plusieurs parties de l’action pouvant
être manifestées en même temps (changements de lieux, de personnages).
Le
récit est complexe.
NB :
le roman n’existe pas pour Aristote.
Dans
l’épopée, le poète doit parler le moins possible en son nom sinon il n’imite
pas. Doit rester dans la généralité.
Ainsi,
la poésie lyrique n’imite pas : les concepts de mimésis et de catharsis
excluent donc l’expression individuelle.
Þ le romantisme s’inscrira
donc en opposition par rapport à La
poétique d’Aristote.
Sophocle
dit qu’il peint les hommes héroïques, câd tels qu’ils doivent être.
A
l’inverse, Euripide peint les hommes tels qu’ils sont // Racine et Corneille.
Þ Les héros deviennent de
plus en plus humains au cours des siècles.
Conclusion.
Cette
œuvre aura une influence énorme sur l’évolution du théâtre en France.
Ses
grands principes seront notamment repris par Horace dans son Art Poétique.
On
en retiendra surtout la règle des 3 unités, la bienséance et la vraisemblance.
Puis,
avec le drame romantique et l’influence de Shakespeare, les auteurs s’en
écartent pour une plus grande liberté d’écriture.